Les Collections du Musée d'Histoire de Nantes

Cette verseuse a été produite en Chine pour l’exportation vers l’Occident par le biais de la Compagnie des Indes. Le décor bleu, rouge et or s’inspire de la porcelaine Imari fabriquée au Japon. Elle a ensuite été complétée, à Nantes, d’un couvercle en argent par le maître orfèvre Charles Brouard, actif depuis 1744. Plusieurs poinçons se trouvent sous le couvercle : celui du maître orfèvre, mais également le poinçon de jurande qui permet de dater cette production entre janvier et juillet 1752. Le couvercle en argent est étagé en plusieurs niveaux, agrémenté de motifs de godrons et de filets et terminé par une graine. Le décor est d’une grande finesse, avec notamment une grenouille en ronde bosse près de l’appui-pouce en forme de coquille. Des motifs de feuilles gravées et de larges enroulements sur fond amati au niveau de l’anse complètent l’ensemble. La sobriété et le raffinement de ce décor sont caractéristiques du travail de Charles Brouard, qui fait partie d’une famille d’orfèvres active à Nantes de 1711 à 1785. Ainsi mis au goût du commanditaire jusque dans les moindres détails, cet objet témoigne de l’adaptation des formes chinoises aux pratiques de consommation européenne, notamment à la dégustation des boissons coloniales et exotiques. Cet objet offre ainsi un lien direct entre la porcelaine importée de Chine au 18e siècle, une production nantaise à destination des élites locales, et la consommation des produits issus des colonies.